Une enquête du commissariat général au développement durable pose la question suivante : quelle est la place des déplacements alternatifs face à la voiture individuelle ?
Premier constat, il est simple : « les pratiques environnementales des ménages confirment la prépondérance de la voiture, même si de fortes disparités géographiques, économiques et générationnelles existent… La possibilité de réduction de l’usage de la voiture est conditionnée par l’offre en matière de transports en commun… La pratique du vélo est quant à elle plutôt occasionnelle et dépend notamment de la qualité du réseau cyclable. À l’échelle nationale, le covoiturage reste un mode de transport relativement marginal, même si les enquêtés les plus jeunes y ont fréquemment recours pour effectuer de longs trajets. »
L’effet de la densité urbaine
sur les trajets domicile-travail
Une large majorité des personnes se déplaçant pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études ont exclusivement recours à une voiture ou un deux-roues motorisé (57 %) pour effectuer ces trajets quotidiens. À cela s’ajoutent 16 % des déplacements associant véhicule motorisé et transports en commun. Les transports collectifs ne sont utilisés de manière exclusive, que par 10 % des ménages.L’usage du vélo est cité par 4 % des enquêtés concernés, dont la moitié en complément des transports en commun. La marche à pied est privilégiée par 8 % des travailleurs/étudiants. Ce choix s’explique notamment par la durée du trajet à effectuer (temps médian de 10 minutes pour la marche, contre 19 minutes pour les utilisateurs de la voiture).
Au cumul, le vélo, les transports en commun (hors couplage avec la voiture) et la marche à pied représentent 22 % des trajets domicile-travail. Quand il s’agit d’aller faire les courses, la part de ces modes de transports est encore plus faible (18 %), l’usage exclusif de véhicules motorisés étant privilégié par près de 62 % des ménages.
En milieu rural et dans les petites agglomérations, comme l’on pouvait s’en douter, deux tiers des enquêtés ont recours à un véhicule motorisé pour se rendre au travail, contre un tiers dans l’agglomération parisienne. Le temps de parcours pour se rendre sur son lieu de travail ou d’études reste très variable. Tandis que 14 % des enquêtés concernés mettent moins de dix minutes pour effectuer ce trajet, 17 % y consacrent 40 minutes ou plus. En moyenne, il faut 23 minutes pour relier le domicile et le lieu d’activité. Le temps de trajet médian est de 19 minutes, mais peut varier du simple au double selon que les enquêtés résident dans une agglomération de 20 000 à 100 000 habitants (13 minutes) ou dans l’agglomération parisienne (27 minutes).
Voyages longue distance,
selon le niveau de vie…
Plus rares que les trajets domicile-travail, les déplacements motorisés sur une longue distance varient selon la situation économique des ménages. À l’occasion de leurs vacances, les interviewés estiment avoir parcouru en moyenne 808 kilomètres avec leur véhicule motorisé. Parmi les ménages dont le niveau de vieest le plus faible, 31 % des répondants ne partent pas ou à moins de 150 km, contre 21 % chez les ménages les plus aisés. Parmi les ménages dont le niveau de vie est le plus faible, moins d’un quart a pris l’avion au cours de l’année écoulée. Chez les ménages dont le niveau de vie est le plus élevé, cette proportion atteint 49 %.
Sans alternative,
la voiture demeure incontournable !
Le nombre de voitures dont disposent les ménages augmente également en fonction du niveau de vie. Ainsi, le taux d’équipement automobile s’échelonne entre 1,21 chez les plus modestes et 1,45 chez les plus aisés. En moyenne, les enquêtés possédant au moins un véhicule motorisé déclarent parcourir 13 700 km par an avec le véhicule qu’ils utilisent le plus fréquemment. Questionnées sur les raisons de l’utilisation d’un véhicule motorisé pour le trajet quotidien domicile-travail, 40 % des personnes interrogées pointent une insuffisance des transports en commun : leur lieu de travail est mal desservi ou les transports ne circulent pas aux heures où ils en ont besoin. Cette inadéquation de l’offre face aux besoins de mobilité des travailleurs et des étudiants est d’autant plus citée quand le lieu de résidence est peu peuplé (50 % en milieu rural, contre 24 % en région parisienne) et quand il n’existe pas d’arrêt de transports en commun à proximité (51 %).
Principalement préoccupés par le prix et la consommation de carburant de la voiture qu’ils achètent, les ménages interrogés accordent une importance moindre à l’impact environnemental de leur véhicule. En effet, les émissions de dioxyde de carbone sont un critère de choix secondaire (cité par 28 % des ménages comme « très important »). En revanche, il semble que les enquêtés n’achèteront pas forcément un véhicule plus puissant si celui-ci doit également être plus polluant. Pour autant, rares sont les ménages qui déclarent posséder une voiture hybride, GPL ou électrique. Ces dernières représentent à peine plus de 3 % des véhicules possédés (et 1,4 % du parc automobile national).
Le covoiturage,
privilège des jeunes
À défaut de renoncer à utiliser une voiture, une partie de la population paraît cependant disposée à partager sa voiture avec des personnes extérieures au foyer. Pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études, 30 % des enquêtés déclarent qu’il leur est déjà arrivé de pratiquer le covoiturage. Quand il s’agit d’effectuer de longs trajets, cette proportion est équivalente (31 %). Qu’il s’agisse d’effectuer de courtes ou de longues distances, rares sont les enquêtés qui recourent au covoiturage « la plupart du temps ».
Beaucoup de vélos pour peu de cyclistes réguliers
En moyenne, les personnes interrogés disposent d’un nombre équivalent de voitures et de vélos (1,32 par ménage). Moins lié aux moyens financiers des ménages, le nombre de vélos recensés dans les ménages s’accroît logiquementt quand il y a des enfants (de moins de 14 ans) au sein du foyer. Ce taux d’équipement passe ainsi de 1,00 dans les ménages où il n’y a aucun enfant à 2,19 dans ceux où il y en a un ou deux et à 3,08 dans ceux où il y en a davantage.
Trois catégories de cyclistes peuvent être dissociées : ceux qui utilisent leur vélo régulièrement (21 % en font une ou plusieurs fois par semaine), occasionnellement (16 % une ou plusieurs fois par mois) ou rarement (63 %). Sur de longues distances, les jeunes sont, de loin, les principaux utilisateurs de ce mode de transport partagé : 19 % des 18-24 ans déclarent même voyager de la sorte la plupart du temps. D’autres spécificités caractérisent les utilisateurs fréquents du covoiturage longue distance : ils habitent plutôt dans de grandes agglomérations (hors Paris), ont un niveau d’études élevé mais un niveau de vie plutôt faible. Par ailleurs, 10 % des enquêtés qui ne disposent pas de voiture personnelle sollicitent fréquemment des conducteurs pour faire de longues distances avec eux. Du côté des ménages qui possèdent plusieurs voitures, seuls 4 % des enquêtés font de même.
Essentiellement implantés dans les grandes agglomérations, les dispositifs de vélopartage sont de ce fait principalement utilisés dans celles-ci : 15 % des interrogés résidant en région parisienne et 11 % de ceux vivant dans une agglomération de plus de 100 000 habitants ont déjà été amenés à louer temporairement un vélo grâce à ces équipements. Dans les zones géographiques moins peuplées, seules 6 % des personnes interrogées répondent avoir déjà eu recours à un tel système. Davantage utilisé par les enquêtés les plus jeunes (24 % des moins de 25 ans et 16 % des 25-34 ans), le vélopartage l’est en revanche beaucoup moins par les enquêtés les plus âgés (5 %).
Méthodologie de l’enquête :
L’enquête sur les pratiques environnementales des ménages (EPEM 2016) a été réalisée courant 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 4 258 Français âgés de 18 ans et plus, sélectionnés selon la méthode des quotas. En métropole, 4 057 personnes ont répondu au questionnaire par internet. À la Réunion, en Guadeloupe, Martinique et Guyane, 201 ménages ont été interrogés par téléphone.
Source : Commissariat général au développement durable.