Allemagne : 9 milliards d’euros pour devenir “le fournisseur et producteur numéro 1” d’hydrogène.
Dans le cadre de son immense plan de relance à 700 milliards d’euros annoncé début juin dernier, l’Allemagne prévoit une enveloppe globale de 9 milliards d’euros pour déployer l’hydrogène vert et relancer ainsi son économie sinistrée par les effets des mesures de restriction prises contre la pandémie de coronavirus dans le pays. Sur les 9 milliards, 7 milliards seront consacrés au développment du marché intérieur et 2 milliards sont réservés à la conclusion de “partenariats internationaux”. Qui plus est, cette production d’hydrogène devra être décarbonée : « Pour des raisons de compétitivité et surtout pour atteindre ses “objectifs climatiques”, l’Allemagne veut devenir “numéro 1” dans l’hydrogène durable », a affirmé le ministre de l’Économie Peter Altmaier, lors d’une conférence de presse mercredi, à l’issue de l’adoption de ce programme en conseil des ministres.
Surtout destiné aujourd’hui à l’industrie chimique ou la sidérurgie, l’hydrogène peut être utilisé pour le stockage de l’électricité (technique Power to gaz), comme à l’alimentation des véhicules électriques par le biais de piles à combustible. Le programme a pour ambition d’accroître les capacités de production d’hydrogène “vert” en Allemagne, à hauteur de près de 5 gigawatts d’ici 2030 et 10 gigawatts d’ici 2040. Dans ce cadre, il devient difficile de comprendre pourquoi Mercedes-Benz, par exemple, se met en porte à faux en abandonnant (fin avril), le développment de l’hydrogène pour les voitures ??
L’autre axe du projet est logiquement le développement des réseaux de distribution. L’Allemagne compte également investir dans la recherche car la technologie est pour l’instant encore confrontée à de nombreuses difficultés pratiques. Mais le ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement, Dr. Gerd Müller ajoute : « Le changement climatique est depuis longtemps une question de survie pour toute l’humanité. Avec la stratégie de l’hydrogène, nous faisons un bond en avant vers des carburants neutres en CO2 et donc une transition énergétique globale. L’hydrogène “vert” et ses produits secondaires comme le méthanol peuvent devenir les carburants propres de demain. Les pays d’Afrique du Nord en particulier sont des sites de production appropriés car le soleil y brille presque indéfiniment. En collaboration avec le Maroc, nous développons ainsi la première usine industrielle “d’hydrogène vert” en Afrique. Ce faisant, nous créons des emplois pour de nombreux jeunes, renforçant le leadership technologique en Allemagne en aidant à atteindre efficacement les objectifs climatiques internationaux qui nous sont fixés. »
À titre de comparaison, notons que le Plan français de l’Hydrogène, lancé par Nicolas Hulot (alors ministre de l’environnement) en juin 2018, avait alors été déclaré ambitieux avec seulement 100 millions d’euros sur 5 ans, et pour être ensuite revu à la baisse… Comme quoi, quand on veut on peut et surtout y mettre les moyens puisque des milliards d’euros sont aujourd’hui dépensés pour aider des industriels en plus ou moins bonne forme, certains ayant même considérablement délocalisé leur production !
– Source : Connaissance des énergies . Photo : © BMWi/Andreas Merten .