Un plan et des milliards pour l’hydrogène français et européen…
La France et l’Europe ayant raté le virage électrique du lithium-ion en faisant la course avec plusieurs tours de retard, malgré le fameux « Airbus de la batterie” qui a bien du mal et prend du temps à être mis en place; il n’était pas question de rater le train de l’hydrogène d’autant que nous avons en la matière des champions avec Alstom et puis Air Liquide qui préfère lui se développer hors de France… Il en a donc été décidé ainsi : « aujourd’hui, réussir la transition énergétique n’est plus un objectif, c’est un impératif. Si le rôle de l’hydrogène pour atteindre la neutralité carbone en décarbonant des secteurs industriels clés tels que la chimie ou la sidérurgie, les transports intensifs et lourds, la production d’électricité et de chaleur pour les bâtiments est reconnu et conforté, il apparaît aujourd’hui que le développement de son industrie est une formidable opportunité pour la relance économique post-crise. »
C’est dit : un plan national hydrogène ambitieux et cohérent pour faire de la France un des pays leaders de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone a été décidé. Et elle n’ai pas la seule puisque l’Europe et plusieurs états membres (dont l’Allemagne) ont déjà confirmé leur soutien au développement de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone pour en faire un des piliers de leurs politiques énergétiques, climatiques et économiques.
Ambition européenne partagée
Ce que l’Europe et les autres pays de l’Union ambitionnent avec leurs stratégies, la France a les capacités d’y contribuer largement et de prendre sa part pour bâtir, elle aussi, une industrie de l’hydrogène compétitive, créatrice de valeur et d’emplois sur les territoires, bien positionnée dans la compétition mondiale. Une recherche d’excellence, des acteurs industriels français présents sur l’ensemble de la chaine de valeur dont certains ont le potentiel pour émerger comme champions industriels dans le cadre d’un projet important d’intérêt commun européen (IPCEI), un potentiel de marché national déjà identifié pouvant servir de tremplin à la filière pour se projeter à l’export, des infrastructures énergétiques et de transport de qualité ainsi qu’une position géographique lui permettant de profiter des opportunités offertes par le commerce international, enfin un mix énergétique déjà fortement décarboné et des gisements renouvelables conséquents, tous ces atouts vont permettre à la France de prendre des positions dans le déploiement d’une filière compétitive de production d’hydrogène renouvelable et bas-carbone et d’en devenir un des leaders en Europe. Dans un système énergétique intégré, l’hydrogène peut soutenir la décarbonation dans les secteurs de l’industrie, des transports, de la production d’électricité et de la construction dans toute l’Europe. La stratégie de l’UE pour l’hydrogène examine comment concrétiser ce potentiel, au moyen de l’investissement, de la réglementation, de la création de marchés ainsi que de la recherche et de l’innovation à travers une transition progressive qui nécessitera une approche par étapes et demandera entre 180 et 470 Mds€ pour atteindre 12 ou 14 % du mix énergétique au milieu du siècle :
• de 2020 à 2024, nous soutiendrons l’installation d’une capacité d’au moins 6 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable dans l’UE, avec l’objectif de produire jusqu’à un million de tonnes d’hydrogène renouvelable;
• de 2025 à 2030, l’hydrogène devra faire partie intégrante de notre système énergétique intégré, avec une capacité d’au moins 40 gigawatts d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène renouvelable et une production allant jusqu’à dix millions de tonnes d’hydrogène renouvelable dans l’UE;
• de 2030 à 2050, les technologies utilisant l’hydrogène renouvelable devraient atteindre leur maturité et être déployées à grande échelle dans tous les secteurs difficiles à décarboner.
Des émissions de CO2 évitées
et des emplois
La mise en exploitation sur la période 2020-2030 de 7 GW d’électrolyseurs, d’unités de CCS (captage et stockage du CO2) associées aux vaporeformeurs actuels (production d’hydrogène carbonée) permettant de traiter 130 000 tonnes par an ainsi que d’autres solutions de production comme la thermolyse de biomasse vont conduire à la production de près de 700 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone à l’horizon 2030, soit près de la moitié du marché global estimé à cette date (1,35 millions de tonnes). Cela devrait permettre de réduire les émissions dans tous les usages (mobilités, chaleur, industries) pour atteindre plus de 4 Mt de CO2 évitées pour l’année 2030 et plus de 21 Mt de CO2 cumulées sur la décennie. Le développement d’une filière française couvrant une part significative de la chaîne de valeur, ainsi que l’émergence de nouveaux marchés de l’hydrogène, contribueront à créer des emplois industriels et de services sur le territoire français que l’on estime entre 120 000 et 250 000 emplois directs et indirects, soit sous la forme de création d’emplois nets, soit sous la forme de requalification d’emplois existants à plus haute technicité.
Oui, mais il faut des sous !
Pour réaliser ces ambitieux objectifs nationaux, conformes à la PPE*, les investissements des acteurs industriels et de la recherche sont estimés à près de 24 milliards d’euros sur la période 2020-2030. Pour créer le marché domestique, attirer les utilisateurs d’hydrogène en rendant celui-ci renouvelable ou bas carbone attractif vis-à-vis du fossile l’État doit se positionner en tant que soutien à la demande pour amorcer le marché, soutien à la production d’hydrogène, aux infrastructures comme au développement d’un technologies française, même si en la matière, il n’existe pas trente six solutions… Quoi qu’il en soit, Pour la décennie 2020-2030, le soutien public nécessaire est évalué à 6,7 Mds€ pour l’investissement et 3,6 Mds€ en soutien à la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone, dont 2 milliards déjà pour les deux prochaines années : « L’hydrogène est une véritable opportunité pour répondre aux enjeux impératifs de transition énergétique et de ré-industrialisation de notre pays… Reste que la fenêtre de tir est limitée et le signal doit être donné maintenant, à défaut, les acteurs de la filière française de l’hydrogène ne prendront pas les positions de leaders qu’ils sont en capacité de tenir. D’autres remporteront les marchés considérables de l’hydrogène renouvelable et bas carbone de cette décennie de transition vers une économie décarbonée » conclut Philippe Boucly, Président de l’AFHYPAC, devenue entre temps France Hydrogène**.