Au troisième jour du Mondial de l’Automobile le 16 octobre dernier, dans une salle de conférence à peine remplie, au lendemain du summit Automobile 2024/PFA/Les Échos, se débattaient des conférences sur l’avenir dans l’automobile un Key note produit par Google/ Knowledge Partner et BCG.
L’avenir des usines de batteries en France.
Par le biais d’une table ronde traitant de l’investissement à long terme dans la gestion de la vie de la batterie Réunissant Yann Vincent, CEO, ACC, (co entreprise entre Stellantis, Mercedes et Total Energie), Jean-Philippe Bahuaud, CEO, The Future is Neutral (Renault-Group Suez) / Olivier de Mougins, VP, Imerys (Industrie des minerais).
Chaîne des valeurs foudroyées ?
Le propos de cette table ronde convoquait le thème « Fabrication des batterie et circularité » : ou comment la France souhaite s’affirmer dans la chaîne de valeur des véhicules électriques. C’est aussi une interrogation lancée autour de la définition d’un modèle durable pour la France entre recyclage des rebuts et la filière d’une batterie décomposée ?
Mais cette filière est-elle déjà d’actualité ? Ou cette agrégation de sujets autour du véhicule électrique, dont la rentabilité semble encore à la peine pour démarrer, n’est-elle pas une nouvelle information qui brouillerait le message ? Dans la mesure où les communications sur la durée de vie des batteries automobiles seraient supérieures à 10 ans, peu de voitures électriques circulaient avant 2017, la question posée était : « à partir de quand une usine de retraitements des batteries aurait pu traiter ces rebuts ? », ce que soulignait la première remarque des présents :
Où est le trou dans la raquette ?
Il n’est en effet pas simple, voire insoluble, de desserrer l’étau du manque de biens d’équipement pour constituer les batteries qui sont de fait d’origines exclusivement asiatique… puisque le graphite vient de Chine, le Brésil étant le second site d’extraction le plus important au monde. Entre l’Asie et l’Europe, les écarts compétitifs soulignent les charges des normes de l’Europe.
Les acteurs et trois intervenants désignaient comme clefs du modèle économique du recyclage la massification. Tous soulignaient leur besoin de milliards d’investissement pour un plus long terme. ACC (dirigeant) se trouverait même à présent dans « une vallée de la soif » entre les premières sommes injectées lors de la levée d’investissements et l’horizon d’un modèle économique qui ne repose que sur l’extraction et la mine pour 25 ans d’exploitation, à échéance d’un retour sur investissement.
Par ailleurs, entre autres déclaration de rétropédalage pour la vallée de la batterie à Dunkerque, l’un des acteurs et concurrents, le groupe Eramet, dont la PDG Christel Bories déclarait le 23 octobre dernier se mettre en retrait d’un grand projet d’extraction et de recyclage, les investissements sur la chaîne de production de l’électrique accusent de ce fait un « démarrage difficile ».
Modèles électriques scintillants
En termes d’aides à la production en Chine, l’état et son modèle « volontariste » auront depuis plus de 15 ans accéléré par les aides, dénoncés par les pays européens, et accompagné des modèles de production record. En Corée se sont les acteurs économiques, avec de grandes entreprises déjà en pleine maitrise d’ingénierie des modèles de batteries, qui ont accéléré et développé les solutions de chaines de fabrication et de recyclage.
Le Chemin que doit emprunter la France serait donc du type « raccourci dans les près » entre les injonctions d’empreinte carbone, transition et protection de l’emploi. Le recyclage se poserait comme une force différenciante pour l’Europe coincé entre « Vœux pieux. » et l’importance stratégique pour standardiser, massifier, pour contrer/maitriser/contenir la volatilité des coûts, l’empreinte carbone de la chaîne du cobalt, etc. Mais est-ce que les efforts à fournir ne sont pas encore trop importants dans une société fracturée entre confort, nostalgie et pression économique ?
Finalement assistions nous à une réunion de licornes en costumes flottant dans une bulle jubilatoire ?
Avec en point d’orgue cette question comment utiliser, voire diriger et recycler l’argent des fortunes des industries des combustibles fossiles ?
Pays non producteur de minerai
L’absence d’usines en Europe pour la fabrication des pré-CAM et CAM (hydroxyde métallique mixte de Nickel, de cobalt, d’aluminium ou de manganèse, entre autres éléments chimiques, qui sont des étapes essentielles entre la purification des sels métalliques nécessaires à la fabrication des batteries Li-Ion, et l’assemblage final des électrodes des batteries) est également à prendre en considération. La direction d’Eramet supporterait elle, en fait, les conséquences de la politique conduite par les gouvernements Macron en Calédonie, qui en accordant une nouvelle aide financière à l’industrie du nickel, ce qui restait à investir à Dunkerque aurait été une perte à éprouver encore pour quelques années ? Les coûts et les effets sont multiples dans ces décisions aux équilibre volontariste. Les données sur la durée de vie des batteries automobiles qui seraient supérieures à 10 ans, peu de voitures électriques circulant avant 2017. Quelles batteries une usine toute neuve pourrait-elle traiter ? Peut-être au départ avec un tout petit module pilote.
Paradoxalement, les modèle de la durabilité pour les batteries usagées qui peuvent être rachetées pour composer des stations de charge pour les parkings des entreprises semble convenir à point nommé dans le court terme et c’est ce que proposent des pure players comme Battri entre autres, pour exemple. Une partie des batteries est diagnostiquée et directement réutilisée pour d’autres usages. Une autre est désassemblée et revendue en pièces, dont les composants chimiques sont séparés. Les principaux enjeux étant les suivants : le coût logistique, le stockage, la traçabilité, le fait de respecter les autorisations en vigueur et d’être le moins polluant possible.
Ce qui est certain, c’est que les très gros acteurs comme Eramet ne vont pas engager des sommes faramineuses pour créer leur propre filière si tous les signaux sont au rouge pour les voitures électriques et leurs filières de responsabilité élargie aux producteurs. Nous sommes passés de l’arrogance du secteur automobile thermique à la refondation totale d’un secteur « émergent » qui doit encore faire ses preuves sur le plan économique.
Sera-t-elle verte longtemps, la vallée de l’usine ?