16 milliards d’euros d’économies sont prévues dans le budget 2024… ce qui représente une goutte d’eau dans l’océan abyssal de notre dette d’État estimée à plus de 3 000 milliards d’euros…
Pour réduire le lourd endettement de la France, le gouvernement présentera dans quelques jours un budget pour 2024 qui scelle la fin progressive du « quoi qu’il en coûte » et identifie “seulement” 16 milliards d’euros d’économies, sur fond de croissance moins dynamique qu’espéré. Rappelons que la dette publique française a atteint 3 013,4 milliards d’euros au mars 2023 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cette dette s’élève ainsi à 112,5 % du PIB, près d’un point de pourcentage de plus qu’à la fin 2022. La dette publique française au sens de Maastricht des administrations publiques continue sa croissance. Le déficit public, quant à lui, avait baissé en 2022 (à 4,7 % du PIB), après 6,5 % du PIB en 2021 et même 9 % en 2020. Cette légère amélioration s’explique notamment par la bonne tenue des recettes – et donc une situation économique plutôt favorable – dont la hausse était nettement plus dynamique que celle des dépenses en 2022.
Des recettes qui augmentent
plus que les dépenses
La France a bénéficié en 2022 de la plus forte augmentation de ses recettes depuis 1985, année 2021 mise à part. Dopées par l’inflation et le rattrapage économique après la crise Covid-19, elles ont augmenté de 7,3 %, soit près de 95 milliards d’euros après une hausse de 8,3 % en 2021 et un recul de 4,8 % en 2020. La suppression de la contribution à l’audiovisuel public et la poursuite de la baisse de la taxe d’habitation (sauf pour ceux qui disposent de résidences secondaires… ) ont largement été compensées par la forte dynamique des recettes de la TVA et des impôts sur le revenu des ménages et des entreprises, ainsi que des recettes de cotisations sociales. Et puis le fisc a pour consigne de faire la chasse aux fraudeurs, notamment sur la TVA et ce, quel que soit leur taille et/ou importance !
De l’autre côté, la progression des dépenses (+ 4%) est restée soutenue en 2022. En hausse de près de 60 milliards, elles ont atteint 58,1 % du PIB en 2022, après 59,1 % en 2021. Avec la revalorisation du point d’indice, les dépenses de rémunérations ont fortement augmenté (+13,6 milliards d’euros), tout comme les dépenses pour soutenir les entreprises et les ménages face à la hausse des prix de l’énergie. Toutefois, les dépenses liées aux prestations sociales et aux allocations-chômage ont ralenti ou même reculé. Le projet de budget, qui sera présenté dans les jours qui viennent en Conseil des ministres, affecté par un environnement économique pour le moins morose…, conduit l’exécutif à réviser en baisse à 1,4 %, contre 1,6 %, sa prévision de croissance du produit intérieur brut pour l’an prochain : « En 2024, la croissance continuera de progresser », après 1 % prévu pour 2023, a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. « Elle sera tirée par notre production manufacturière, par la sortie définitive de la crise inflationniste et par la reprise de la consommation », a-t-il poursuivi. « La récession en Allemagne, les difficultés en Chine et la persistance de taux d’intérêt élevés auront néanmoins un impact sur cette croissance. »
Charge de la dette
et endettement…
La charge de la dette, estimée à 38,6 milliards pour 2023, devrait atteindre 48,1 milliards l’an prochain – soit l’équivalent du budget prévu pour la défense – et jusqu’à 74,4 milliards en 2027. Il ambitionne de réduire l’endettement du pays de 111,8 % du PIB en 2022 à 108,1 % en 2027. Le déficit public devrait passer de 4,8 % du PIB en 2022 à 4,4 % en 2024 puis 2,7 % à la fin du quinquennat, sous l’objectif européen des 3 %. « Cette accélération du désendettement est fondamentale au moment où tous nos partenaires européens sont engagés dans cette voie », a souligné Bruno Le Maire, alors que l’inflation devrait reculer à 2,6 % l’an prochain contre 4,9 % en 2023, selon l’exécutif. Le gouvernement compte ainsi réaliser 16 milliards d’économies l’an prochain, dont l’essentiel (10 milliards d’euros) proviendra de la suppression progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité, qui a permis de contenir les factures. « Nous sortirons des prix gelés mais nous maintiendrons la fiscalité au niveau plancher à nouveau en 2024 pour garantir les prix les plus bas possibles pour les ménages », a assuré le ministre. S’y ajouteront les réductions des aides aux entreprises (4,5 milliards) et à la politique de l’emploi (1 milliard) ainsi que 700 millions issus de la réforme de l’assurance-chômage.
Pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, le gouvernement peaufine « une taxation des surprofits » des sociétés concessionnaires d’autoroutes et compte relever l’accise sur le gaz (une taxe), « sans impact sur le consommateur », a souligné Bruno Le Maire. Il s’interroge aussi sur les marges « élevées » du raffinage, dont TotalEnergies est le numéro un en France. Il table aussi sur la lutte contre la fraude (1,5 milliard par an à horizon 2027) et l’instauration de l’impôt minimal sur les sociétés (1,5 milliard dès 2026). Les ménages ne seront pas en reste avec un barème d’imposition sur le revenu rehaussé de 4,8 %, tout en expliquant vainement que là aussi les impôts baissent !
Enfin, le gouvernement promet également un budget quelque peu verdi. Ainsi, plus de 7 milliards d’euros seront consacrés à la transition énergétique avec une augmentation déjà prévue pour 2024. Des niches fiscales brunes (favorables aux énergies fossiles) seront supprimées, comme celle qui allégeait les taxes sur le gazole non routier. « Toutes les recettes fiscales brunes, à l’euro près, iront vers la transition écologique et vers le verdissement de notre économie » : l’État – jurant ses grands dieux – qu’il ne se met pas un euro dans la poche… sauf qu’à travers les taxes sur le carburant, ce n’est pas vrai !