Émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone de la France : une baisse significative en 2023…
Depuis 1990, les émissions françaises ont diminué plus rapidement que l’empreinte carbone, dans laquelle la part des importations augmente. En 2023, les émissions de gaz à effet de serre des unités résidentes françaises (qui comprennent certaines émissions à l’étranger pour le transport maritime et aérien notamment) s’élèvent à 403 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq), soit 5,9 tonnes par personne, alors que l’empreinte carbone de la France s’élève à 644 Mt CO2 éq, soit 9,4 tonnes par personne. La différence s’explique par des émissions importées pour satisfaire la demande finale française, qui sont nettement supérieures aux émissions exportées par la France. Les émissions françaises se replient de 5,6 % par rapport à 2022, sous l’effet notamment de la baisse de la production d’électricité carbonée. Ce repli traduit essentiellement un recul des émissions exportées par la France (- 12,6 %) alors que celles destinées à la demande finale intérieure sont moins affectées (- 1,4 %). Au total, l’empreinte carbone diminue pour sa part de 4,1 % principalement du fait du recul des émissions importées. Depuis 1990, les émissions françaises ont diminué plus rapidement que l’empreinte carbone, dans laquelle la part des importations augmente.
Nous importons du CO2
à comptabiliser !
La France importe des biens et services, dont la production a nécessité l’émission de GES à l’étranger. L’ensemble des émissions des importations est de 513 Mt CO2 éq, dont la majorité (362 Mt) est destinée à servir la demande finale française (émissions « importées »). Le reste est intégré à des biens et services qui sont fabriqués en France mais sont ensuite réexportés vers le reste du monde. C’est ainsi que l’empreinte carbone de la France, qui correspond aux émissions destinées à satisfaire la demande finale française, est estimée à 644 Mt en 2023. 101 Mt proviennent directement des ménages (16 %), 180 Mt des activités économiques françaises (28 %) et 362 Mt sont importées (56 %). Parmi les émissions importées, 146 Mt sont associées à des importations pour usage final (23 % de l’empreinte) et 216 Mt à des importations pour les besoins des activités économiques intérieures (34 %).
Baisse de 5,6 % en 2023 !
Après une chute inédite liée à la crise sanitaire (- 10,4 % entre 2019 et 2020), les émissions de la France ont rebondi partiellement en 2021 (+ 5,8 %), puis diminué en 2022 (- 2,9 %). La baisse s’accentue en 2023 (- 5,6 % soit – 23,9 Mt CO2 éq), alors que le produit intérieur brut (PIB) augmente de 0,9 %. Les émissions s’établissent à 403 Mt CO2 éq, soit 5,9 tonnes de CO2 éq par personne, contre 6,9 tonnes en 2019. La nette diminution des émissions des branches d’activité économiques (- 6,2 %, soit – 20,1 Mt) résulte à la fois de circonstances conjoncturelles (meilleure disponibilité des infrastructures de production d’électricité d’origine nucléaire, composition de la croissance économique compte tenu notamment du manque de dynamisme des industries intenses en énergie, météo, etc.) et de facteurs structurels (efficacité énergétique des moyens de production, décarbonation tendancielle du bouquet énergétique, etc.).
Sur le moyen-long terme, dans la plupart des branches et pour l’économie en général, une tendance au découplage entre évolution de la production et évolution des émissions de GES est à l’œuvre : les émissions diminuent alors que l’activité économique (production et valeur ajoutée) mesurée en euros constants augmente. Ce découplage peut résulter de différents facteurs : l’externalisation de procédés de fabrication intensifs en carbone, la consommation d’intrants moins carbonés (en particulier en produits énergétiques), la modification de la nature des produits fabriqués ou l’adoption de technologies, procédés ou comportements moins émissifs.
Entre 2022 et 2023, les baisses d’émissions s’observent majoritairement dans des branches qui répondent plutôt à la demande internationale qu’à la demande intérieure (industrie manufacturière et transport maritime notamment). Cela explique que les émissions exportées diminuent de 12,6 %, soit – 17,6 Mt CO2 éq, et captent 85 % de la baisse des émissions liées à l’activité économique française (alors que les exportations augmentent de 2,1 % en euros constants en 2023).
L’empreinte carbone
diminue de 4,1 % !
En 2023, l’empreinte carbone de la France est estimée à 644 Mt CO2 éq, en baisse de 4,1 % par rapport à 2022 (- 27 Mt CO2 éq). Entre 2019 et 2020, l’empreinte carbone avait connu une chute historique de 10,3 %, en lien avec la crise sanitaire. En 2021, avec la fin des restrictions des déplacements et la reprise de l’activité économique et du commerce international, l’empreinte carbone avait sensiblement rebondi de + 7,4 %, puis était restée globalement stable en 2022 (+ 0,8 %). En 2023, l’empreinte carbone baisse à nouveau et atteint 9,4 tonnes par personne, contre 10,3 tonnes en 2019 avant la crise sanitaire.
Les émissions des activités économiques françaises et étrangères permettant de satisfaire la demande finale intérieure, soit 84 % de l’empreinte carbone, représentent 542 Mt CO2 éq, en recul de 4,2 % par rapport à 2022. Alors que les émissions intérieures (hors ménages) sont restées quasi stables (- 1,4 % soit – 2,5 Mt CO2 éq), celles importées ont diminué de 5,5 % (- 21,0 Mt CO2 éq), expliquant ainsi les trois quarts de la baisse totale de l’empreinte carbone.
POUR EN SAVOIR PLUS :
• Estimation de l’empreinte carbone de la France entre 1990 et 2023, Note méthodologique, SDES-Insee, octobre 2024.
• Émissions de gaz à effet de serre en France : nouvelle estimation – L’année 2023 avec les données Secten du Citepa, Citepa, mai 2024.
• Émissions mondiales de CO2 – L’UE vis-à-vis du reste du monde, Eurostat, février 2024.
• L’empreinte carbone de la France de 1995 à 2022, SDES, octobre 2023.