Un gazoduc sous-marin entre le Danemark, la Norvège et la Pologne, Total, Shell et BP qui se replient … ou, comment faire sans la Russie !
La construction d’un gazoduc sous-marin entre la Norvège et la Pologne, censé réduire la dépendance de Varsovie au gaz russe, vient de reprendre après avoir été longuement suspendue pour des raisons environnementales. En 2021, une instance danoise avait annulé, dans un souci de protection des espèces animales, le permis pour réaliser les travaux sur les 210 km de la partie danoise de ce gazoduc de la mer Baltique.
Mais le pipeline doit garantir à la Pologne des livraisons de gaz norvégien, diversifiant ainsi l’approvisionnement énergétique du pays. Energinet prévoit une mise en service partielle de “Baltic Pipe” à partir du 1er octobre 2022. Le gazoduc devrait être entièrement opérationnel au 1er janvier 2023, avec une capacité de transport annuel de 10 milliards de m3 de gaz. Rappelons par ailleurs que la semaine dernière, à cause du conflit russo-ukrainien, l’Allemagne a suspendu la mise en service du gazoduc germano-russe controversé “Nord Stream 2” qui relie son territoire à la Russie via la mer Baltique… Tout en laissant le N°1 ouvert…
Après les pays, les énergéticiens !
– Contrairement à certains pays comme le Canada qui ont annoncé fermer le robinet russe du gaz, les ex-pétroliers devenus Énergéticiens adoptent des stratégies moins radicales et différentes les uns des autres. TotalEnergies déclare : « approuver l’étendue et la force des sanctions mises en place par l’Europe et qu’il les mettra en oeuvre quelles que soient les conséquences (en cours d’évaluation) sur la gestion de ses actifs en Russie » , à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Un prise de position qui devrait être revu à l’aune du gouvernement français. Le groupe indique par ailleurs qu’il « n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie.» Pour rappel : TotalEnergies est actionnaire à 19,4 % du géant du gaz russe Novatek et détient une participation de 20 % dans Yamal LNG, un projet qui a été lancé fin 2017 et qui a produit plus de 18 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2020.
– De son côté Shell déclarait : « Nous sommes choqués par les pertes de vies humaines en Ukraine, que nous déplorons, résultant d’un acte insensé d’agression militaire qui menace la sécurité européenne. » Au total, les parts de Shell en Russie valaient fin 2021 trois milliards de dollars et avaient généré un bénéfice ajusté de 700 millions de dollars l’an dernier. Leur cession aura un impact financier, conduisant à des dépréciations dans les comptes, a prévenu le groupe. Ces parts comprenaient notamment la participation de 27,5 % de l’entreprise dans le gigantesque projet gazier Sakhaline-2 dans l’Extrême Orient russe, sur une île proche du Japon, où avait été ouverte la première unité de production de gaz naturel liquéfié en Russie.
Le groupe ajoute compter mettre fin à son investissement dans le gazoduc Nord Stream 2, construit mais abandonné par l’Allemagne et sanctionné par les États-Unis. Il avait financé jusqu’à 10 % des 9,5 milliards d’euros qu’avait coûté le projet.
– Enfin ce fut au tour de BP d’annoncer se désengager du géant russe semi-public Rosneft. Il en détenait 19,75 % (14 milliards de dollars fin 2021). Le groupe était présent depuis plus de 30 ans en Russie et figurait depuis 2013 parmi les actionnaires de Rosneft. Il avait investi gros en Russie dans la co-entreprise TNK-BP, très rentable mais dont le fonctionnement avait été entravé par des conflits d’actionnaires qui avaient conclu au départ précipité de Russie de son patron d’alors en 2008. La société avait été rachetée alors par Rosneft, transformant le groupe détenu à majorité par l’État russe en géant mondial.
– Sources diverses dont : CP Énergéticiens et Le fil info énergies.