Suite aux difficultés de l’Alliance, l’affaire Nissan, puis Carlos Ghosn, puis les problèmes de rentabilité, le rapprochement raté avec FCA, on peut dire que l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a été fortement mise à mal ces deux dernières années. La récente crise du secteur automobile suite au Covid-19 n’a fait qu’empirer les choses et suite aux annonces du plan automobile, centré sur les véhicules “propres”, la relocalisation de certains produits et/ou moteurs et un engagement dans l' »Airbus européen de la batterie”, le ménage à trois se reforme en resserrant les boulons. Ce qui en langage marketing-maison s’exprime par : « l’adoption d’un nouveau business model de coopération afin d’améliorer la compétitivité et la rentabilité de ses trois entreprises membres. »
Un leader et des suiveurs
Les partenaires de l’Alliance s’appuieront sur un schéma « leader-follower » afin de renforcer l’efficacité et la compétitivité des véhicules et des technologies. Chaque membre deviendra ainsi référent dans les régions où il possède les meilleurs atouts stratégiques tout en agissant comme facilitateur et soutien de la compétitivité des autres. Ceci pour améliorer la compétitivité et la rentabilité des trois entreprises. Les trois membres prévoient de s’appuyer sur les atouts existants de l’Alliance, comme les achats communs, en tirant parti de leur position de leader et de leurs atouts géographiques respectifs pour soutenir le développement de leurs partenaires : « Le nouveau business model permettra à l’Alliance de tirer le meilleur parti des atouts et des capacités de performance de chaque entreprise, tout en s’appuyant sur leur culture et leur héritage respectifs. Les trois entreprises couvriront tous les segments et technologies de véhicule, dans toutes les zones géographiques, pour le bénéfice de chaque client, tout en améliorant leur compétitivité respective, leur rentabilité durable et leur responsabilité sociale et environnementale. » a déclaré Jean-Dominique Senard, président du conseil opérationnel de l’Alliance et de Renault. Les trois entreprises approuvent les principes du système « leader-follower » pour les projets véhicules sur lesquels ils vont coopérer :
– renforcer la stratégie de standardisation de l’Alliance, depuis la plate-forme jusqu’au véhicule complet ;
– par segment de produits, déterminer un “ véhicule mère “ (voiture leader), et les “ véhicules sœurs ”
– veiller à ce que les véhicules leaders et followers des trois entreprises soient produits dans un environnement le plus compétitif possible, y compris en regroupant la production lorsque cela est jugé pertinent ;
– continuer à développer les synergies sur les véhicules utilitaires, où le modèle “ leader-follower ” est déjà appliqué ;
Le principe “ leader-follower ” devrait permettre de réduire les coûts et les dépenses d’investissements par modèle jusqu’à 40 % pour les véhicules conçus sous ce nouveau schéma. Ces avantages devraient venir s’ajouter aux synergies déjà réalisées aujourd’hui.
Régions de référence
L’Alliance a également approuvé le principe de la désignation de différentes parties du monde comme “ régions de référence ”, chaque entreprise se concentrant sur ses régions clés dans le but d’être parmi les plus compétitives et de servir de référence aux autres afin de renforcer leur propre compétitivité. Selon ce principe, Nissan deviendra le référent en Chine, Amérique du Nord et Japon ; Renault pour l’Europe, la Russie, l’Amérique du Sud et l’Afrique du Nord ; et Mitsubishi Motors pour l’ASEAN et l’Océanie. Logiquement, les plans produits des entreprises suivront le schéma “ leader-follower ”, et les véhicules leader et followers seront produits selon le schéma le plus compétitif. C’est ainsi que par exemple : le renouvellement du segment des C-SUV après 2025 sera mené par Nissan, tandis que le futur renouvellement du segment des B-SUV en Europe sera mené par Renault.
Le schéma “ leader-follower ” sera étendu des plates-formes et des groupes motopropulseurs à toutes les technologies clés, le leadership étant attribué comme suit :
– conduite autonome : Nissan,
– technologies des voitures connectées : Renault pour la plate-forme Android et Nissan en Chine,
– E-body – le système principal de l’architecture électrique-électronique : Renault,
– moteur e-PowerTrain (ePT) : CMF-A/B ePT – Renault ; CMF-EV ePT – Nissan,
– et PHEV (hybride rechargeable) pour les segments C/D : Mitsubishi.
Nécessité faisant loi, on serait en droit de se demander pourquoi ne l’a-t-on pas fait plus tôt…? L’essentiel étant que ce soit désormais réalisé. Reste juste à convaincre les consommateurs de chacun des pays et des continents cités, d’intégrer à leurs solutions de mobilité, le renouvellement de leurs vieux véhicules par de nouveaux plus “ propres ” et mieux connectés. Et cela ne pourra se faire, aussi bien chez les particuliers qu’au sein des entreprises, sans mettre sur pied un autre “ newdeal ” portant cette fois sur les offres, tant en matière de services et de financements qui soient les plus souples et plus proches possibles des moyens et besoins des intéressés !