Un rapport (audit) remis mi-juillet 2018 à la ministre des Transports Elisabeth Borne révèle l’état très dégradé des routes à la charge de l’État. Mais de quoi parle-t-on ? Des 12 000 km de routes nationales non-concédées (1,2 % du réseau routier français qui assure 18,5 % du trafic, avec des millions d’usagers quotidiens). Ainsi en 2016, 17 % du réseau était très endommagé. plus grave, la situation se dégrade très sérieusement sur les moyen et long terme. C’est ainsi qu’en 2007, 57 % des chaussées étaient considérées en bon état, contre seulement 47 % en 2016… En métropole, plus de 2 000 km de route sont considérés comme gravement endommagés.
Les ponts, c’est le pompon !
Il en va de même pour les ouvrages d’art : « sur les 12 000 ponts que compte le réseau, un tiers nécessite des réparations. Le plus souvent, il s’agit de petites réparations afin de prévenir l’apparition de dégradations structurelles. Mais dans 7 % des cas, les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d’effondrement et donc la forte probabilité de fermer préventivement ces ponts à la circulation des poids lourds ou de tous les véhicules, » déclarent les experts. Ces dégradations, liées aux conditions climatiques, au trafic important et au vieillissement des infrastructures, s’accélèrent en raison du manque d’investissement de l’État, pointe le rapport : « ces dix dernières années, l’État a consacré en moyenne 666 millions d’euros par an aux dépenses d’entretien et de gestion du réseau routier national non concédé. Ces montants étaient fluctuants d’une année sur l’autre et surtout insuffisants pour enrayer une dégradation de l’ensemble du réseau », note-t-il. Un chiffre à rapprocher des revenus générés par les amendes issues des infractions routières qui rapportent chaque année plus de 1,8 milliard d’euros à l’État, dont 920 millions pour les seuls radars (en 2016) avec une progression de + 10 % ces deux dernières années…
Dès lors, si l’État ne change pas son investissement budgétaire (au moins 1 milliard par an, selon le rapport), l’audit prévoit une évolution dramatique : en 2037, 62 % des chaussées pourraient se retrouver très dégradées et 6 % des ponts seraient hors service…
Vous avez dit syllogise…
Et notre cher conseiller interministériel à la Sécurité Routière (Emmanuel Barbe), enfermé dans son syllogisme : “vitesse = accident”, de déclarer (sur RMC) : « C’est un problème relatif en matière de sécurité routière. Le paradoxe, c’est que les routes, les plus belles routes de France sont 3,5 fois plus mortelles que les autres. Parce que comme elles sont belles, on y roule plus vite. Le vrai facteur de dangerosité en sécurité routière c’est la vitesse. (…) Quand les routes sont en mauvais état les gens roulent doucement. » Comme si c’était sur les autoroutes et autres belles deux ou trois voies qu’il y avait le plus d’accidents ? Révisez vos propres statistiques, s’il vous plait, monsieur Barbe !
Donc, selon lui, laisser les routes se délabrer réduirait les accidents… Et supprimer les voitures encore plus certainement (mais non, rassurez-vous, je plaisante… des fois qu’il retienne et reprenne l’argument !).