Pour la première fois, Tesla termine un trimestre en faisant des bénéfices grâce à ses seules voitures…
… Et C’est grâce aux résultats du deuxième trimestre 2021 dévoilés récemment par le “constructeur exclusivement électrique”. L’entreprise affiche un bénéfice de 1,1 milliard de dollars, un record historique. Mais le plus important, c’est le fait que les bénéfices ne disparaissent pas si l’on enlève les gains obtenus grâce à la vente de crédits carbone (notamment à FCA), ce qui pouvait être le cas sur les trimestres précédents. Tesla continue continue ainsi à vendre ses crédits à ses concurrents, mais ceux-ci ne pèsent “que” 354 millions de dollars, laissant un joli bénéfice aux seules voitures. Sur le deuxième trimestre 2021, l’entreprise a vendu plus de 200 000 unités, dont l’écrasante majorité de Model 3 et de Model Y. Le retard de la nouvelle Model S et son volant-manche façon pilote, produite à moins de 2 000 exemplaires sur le trimestre, n’a pas eu d’impact négatif et Tesla produit de toute façon autant de voitures que possible, sans pouvoir répondre à la demande.
Le constructeur est en train de créer deux nouvelles usines pour augmenter sa capacité de production, l’une au Texas et l’autre près de Berlin qui a bien du mal à sortir de terre avec des écologistes vent debout sur cette zone (et les mauvaises langues disent que VW Group pousserait même à la roue…). La première avance bien, la deuxième a ainsi pris beaucoup de retard, même si l’entreprise espère toujours commencer la production avant la fin de l’année. En attendant, les premières Model Y européennes seront importées de Chine, l’usine de Shanghai servant de plus en plus à fournir l’export hors États-Unis. Tesla a donc toujours du mal à tenir ses délais et le “Semi”, son camion annoncé en 2017, a été officiellement repoussé en 2022. Quand au “Cybertruck”, présenté fin 2019 et dont la commercialisation devait commencer cette année, elle sera également retardée…
De bonnes nouvelles
et de nouveaux challenges…
Malgré tout, les nouvelles sont bonnes, au vu du contexte particulièrement compliqué. La pandémie a mis à l’arrêt plusieurs usines dans le monde en 2020 et les effets de cette pause se font toujours sentir aujourd’hui, avec des problèmes d’approvisionnement sur de multiples composants. Des problèmes qui touchent aussi tout particulièrement le monde de l’automobile, avec des chaînes de production devant s’arrêter chez tous les constructeurs. Comme chez Tesla, les voitures sont conçues avant tout comme des ordinateurs sur roues, cela change tout. Chaque composant présent dans les véhicules est contrôlé par un logiciel développé en interne, d’où une grande souplesse. Le minimalisme de tous les habitacles conçus par Tesla en est la brillante illustration. Des fonctions peuvent ainsi disparaître le plus simplement du monde. Ce fut par exemple le cas pour le réglage lombaire côté passager retiré des Model 3 et Model Y et surtout, le radar qui a été supprimé à l’avant de ces deux voitures. Ce qui est là une une façon simple de se défaire d’un composant qui peut venir à manquer à cause des pénuries…
Suite à la présentation des résultats financiers, les dirigeants de Tesla, dont Elon Musk, ont répondu à quelques questions, Le milliardaire s’est d’ailleurs fait plaisir avec deux piques envoyées contre Apple en critiquant son usage du Cobalt dans les batteries conçues à Cupertino, alors que son entreprise s’en débarrasse peu à peu*. Matériau rare, le Cobalt est surtout critiqué pour sa production souvent peu éthique (utilisation d’enfants dans certaines mines congolaises) et Apple avait été pointée du doigt avec d’autres entreprises pour cela. Ensuite, le charismatique patron de Tesla (d’autres emploient des adjectifs moins flatteurs…) est revenu sur l’ouverture annoncée des stations de superchargeurs aux autres constructeurs. Cela sera possible en Europe en ouvrant un compte sur une appli et avec un adaptateur aux USA. Sinon, reste à connaître les conditions tarifaires, encore un mystère, même si Elon Musk a suggéré des prix variables en fonction de la vitesse de charge du véhicule et surtout de l’occupation de la station. Les tarifs pourraient ainsi varier pour inciter les conducteurs à faire des sessions de charge courtes et libérer rapidement leur place. Voilà donc pour le constructeur une nouvelle une nouvelle source financière et des analystes tablent déjà sur les 25 milliards de dollars de revenus pour Tesla rien qu’avec ses stations de charge… Quand on pense qu’en France, on compte encore trop sur les collectivités (qui trainent plus que les pieds…) et surtout sur les particuliers et les collaborateurs des entreprises pour recharger chez eux quitte même à leur piquer leur charge électrique en cas de pics, on voit qu’on a tout compris.… Et tout cela avec deux groupes de constructeurs nationaux, alors que les Allemands eux, ont su se réunir au sein du réseau Ionity… C’est ce qu’on doit appeler être visionnaire ! Tesla a donc encore de beaux jours devant lui…
*À noter que les batteries LFP des Model 3 et Model Y d’entrée de gamme sont entièrement dépourvues de cobalt. Les batteries NCA et NCM du reste de la gamme en utilisent encore un petit peu, mais le minimum et de moins en moins. – Source Tesla et MacGénération.