Selon le C40 Cities Climate Leadership Group, les villes sont responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre…
…Et c’est là où les solutions climatiques peuvent faire la plus grande différence. Qu’il s’agisse de passer à des options de transport électrifié ou de promouvoir les énergies renouvelables, les choix auxquels sont confrontés les dirigeants de villes ne s’arrêtent pas aux limites de la ville, c’est pourquoi la coopération métropolitaine est si importante dans la transition énergétique. En tant que responsable du changement climatique et de la sensibilisation à l’environnement pour le gouvernement métropolitain de Barcelone, Ana Romero Càlix supervise la stratégie climatique pour les 36 municipalités qui regroupent les 3,2 millions d’habitants de l’agglomération de Barcelone (AMB). Sous sa direction, la région métropolitaine a préparé un plan climat-énergie pour que toutes les municipalités continuent de progresser dans la même direction. Elle a également lancé un ambitieux programme pour augmenter la production d’énergie solaire depuis les toits, ce qui a conduit à l’installation de la première station de recharge solaire bidirectionnelle d’ Espagne . Pour aller plus loin, AMB (l’Aire Métropolitaine de Barcelone) a initié un échange mondial d’idées sur ce sujet à travers un programme Metropolis appelé “Projets pilotes”. Le partenariat avec ses homologues des régions métropolitaines de Lyon, en France, et de Montevideo, en Uruguay, a ainsi créé des opportunités de partage d’expériences entre différents contextes pour apprendre les uns des autres lors d’ateliers entre 2017 à 2019 : « À Lyon, nous avons été impressionnés par la manière dont les données sont partagées entre les opérateurs privés et les administrateurs publics. » Ce partenariat, appelé MEGA (pour Metropolis Energy Governance) est documenté et fait pour être partagé avec les dirigeants métropolitains du monde entier. Ils ont rédigé un manuel des défis rencontrés et des stratégies pour les surmonter. Par exemple, pour renforcer la capacité d’AMB à négocier avec le secteur privé, Ana Romero s’est penché sur l’expérience lyonnaise dans la gestion de son propre distributeur métropolitain de chauffage, de climatisation, de gaz et d’électricité : « À Lyon, nous avons été impressionnés par la manière dont les données sont partagées entre les opérateurs privés et les administrateurs publics », dit-elle. « Les Français ont une autre relation avec le secteur privé par rapport à l’Espagne. »
Des différence structurelles importantes
En revanche, l’instance de gouvernance métropolitaine de Lyon a une relation différente de celle de l’AMB avec les communes entourant le noyau urbain : « Le contact avec les conseils municipaux est très difficile à Lyon », dit Ana Romero. « Lyon nous a beaucoup demandé sur les tables rondes techniques et sur la manière dont nous organisons nos réunions. ». Une explication : la prégnance des régions en Espagne et de leurs capitales régionales (Barcelone pour la Catalogne), par rapport aux régions françaises et leurs multiples capitales (Auvergne-Rhône-Alpes…).
À Montevideo, AMB enviait la synergie entre le gouvernement national uruguayen et les décideurs locaux. Grâce à une poussée nationale ambitieuse vers la biomasse et l’énergie solaire, ainsi qu’à une base existante de production hydroélectrique, l’Uruguay tire 95 % de son électricité de sources renouvelables : « Et là, il est très facile de passer à l’action… l’argent de l’État entre, puis ils investissent et exécutent. »
Le succès de MEGA a jeté les bases pour que Metropolis obtienne un financement de la Commission européenne pour diriger un nouveau projet de coopération par lequel AMB et Madrid aideront son équivalent “Metropolis Dakar” à poursuivre sa transition vers l’énergie durable dans la zone métropolitaine de la capitale sénégalaise.
Enfin, grâce à Ada Colau, maire de Barcelone, présidente d’AMB et coprésidente de Metropolis; la ville a lancé sa propre entreprise publique d’énergie, Barcelona Energía, qui ne vend que de l’énergie renouvelable. Le responsable du climat d’AMB fait également un gros effort autour de l’énergie solaire. Dans une zone métropolitaine bâtie avec peu de terrain libre, cela nécessitera l’utilisation des toits. AMB a récemment lancé un appel d’offres pour étudier combien de mètres carrés de toits pourraient être disponibles pour les panneaux solaires et si les investisseurs seraient intéressés par cette opportunité. Dernier obstacle, il conviendra de changer la loi espagnole sur le solaire, mais les choses évoluent puisque depuis juin 2020 un nouveau plan énergétique espagnol a été adopté qui prévoit de nouvelles installations de production d’énergie renouvelable d’une capacité installée d’environ 60 000 MW, avec un investissement estimé à plus de 90 milliards d’euros… À suivre !
– Source Métropolis .