La pandémie de Covid-19 a eu un important impact sur la situation financière des entreprises françaises !
Elles ont connu une chute brutale de leur chiffre d’affaires, sans précédent dans certains secteurs, ont dû réduire leurs charges et emprunter pour faire face à leurs échéances. Dans le même temps, elles ont bénéficié d’un soutien public de grande ampleur, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans plein d’autres États…
Ainsi, un modèle de micro-simulation permet désormais d’étudier l’évolution de la situation financière de près de 2 millions d’entreprises françaises en réponse au choc d’activité. Il intègre des données d’entreprises observées sur l’année 2020 : évolution du chiffre d’affaires et de la masse salariale, recours aux dispositifs de soutien public. Il permet d’estimer le nombre d’entreprises devenant “illiquides” (trésorerie épuisée en l’absence d’endettement supplémentaire) ou insolvables (montant de dettes supérieur à celui des actifs).
– La part d’entreprises devenant illiquides aurait été plus élevée de 8,4 points de pourcentage en 2020 que lors d’une année sans crise. Le nombre d’entreprises devenant insolvables aurait été 3,0 points plus élevé. Les résultats montrent l’efficacité du soutien public pour réduire l’impact de la crise : sans ce soutien, la hausse du nombre d’entreprises devenant insolvables (par rapport à une année sans crise) aurait été de 8,3 points.
– Les entreprises rendues insolvables par la crise sont en moyenne plus productives que celles qui sont insolvables en temps normal. Le soutien public n’a pas discriminé les entreprises selon leur productivité.
– Enfin, l’effet de la crise sur le bilan des entreprises risque de peser sur leur investissement en phase de reprise. Une modélisation économétrique suggère que l’endettement supplémentaire lié à la crise pourrait réduire l’investissement d’environ 2 % à moyen terme, ce qui justifie des mesures spécifiques, comme celles qui ont été prises dans le cadre du plan de relance. Les dépenses de R&D, traditionnellement moins corrélées au cycle économique, seraient plus résilientes.
Impact différencié selon les secteurs
Sans mesures de soutien, la crise aurait entraîné une augmentation très forte du nombre d’entreprises insolvables dans l’hébergement-restauration et, dans une moindre mesure, dans la construction, le commerce et les transports. L’effet du soutien public a été particulièrement fort dans les secteurs les plus affectés, certaines mesures les ayant directement ciblés. Les effets de la crise sont aussi différenciés par catégorie d’entreprises : après prise en compte du soutien public, la part d’entreprises insolvables croît davantage pour les ETI et les PME que pour les grandes entreprises et les microentreprises. Ces dernières ont davantage bénéficié de mesures de soutien public, ce qui reflète en particulier le ciblage du fonds de solidarité sur les petites entreprises en 2020.
En temps normal, ce sont des entreprises nettement moins productives que la moyenne de l’économie qui deviennent insolvables. La modélisation montre que c’est encore le cas en 2020, mais de façon moins marquée : la crise met en difficulté des entreprises plus productives qu’habituellement. Dans le même temps, les mesures de soutien n’ont quasiment pas eu d’impact sur le profil de productivité des entreprises en difficulté : cela montre que le soutien public n’a pas sélectionné les entreprises selon leur productivité, ce qui n’était pas leur but puisqu’elles ont avant tout ciblé les entreprises touchées par la crise.
– Sources : Direction générale du Trésor .
– Simulation de l’impact de la crise sur les entreprises en 2020 –
Part d’entreprises ayant un besoin de liquidité | Part d’entreprises devenant insolvables | Endettement en liquidités (M€) | |
Sans crise |
15,6 % | 3,6 % | 72 M€ |
Avec crise mais sans soutien public |
30,6 % | 11,9 % | 168 M€ |
Avec crise et soutien public |
24,0 % | 6,6 % | 148 M€ |
– Source DG Trésor : À fin 2020, la part d’entreprises devenues illiquides aurait été de 15,6 % sans crise. Elle est estimée à 24,0 % avec la crise et le soutien public, mais aurait été de 36,0 % avec la crise mais sans soutien public.